Saviez-vous que la production artisanale est une constante dans l’histoire de Carleton-sur-Mer? Dès 1867, la fondation du couvent poursuit, entre autres, l’objectif de « former le goût des arts utiles » chez les jeunes filles, selon l’abbé Chouinard dans son livre sur l’histoire de l’église Saint-Joseph. Puis, en 1937, l’inventaire des ressources du comté de Bonaventure s’intéresse aux arts domestiques. On y apprend que le cercle des fermières de Carleton n’est pas en activité, alors que celui de Saint-Omer, fondé vers 1930, rassemble 35 personnes. À cet endroit, une trentaine de rouets et autant de métiers à tisser sont en fonction.

À l’époque, les artisanes tissent, cousent ou tricotent pour les besoins de la famille ou pour la clientèle touristique. Certaines font affaire avec la Canadian Handicraft, une organisation montréalaise achetant l’artisanat en région. Pour une verge de catalogne, le prix reçu est de 0,60 cents. L’inventaire donne le nom des « meilleures mains » dont Marie Falardeau et Mme Jos F. Fournier de Saint-Omer, de même que Mme Jean-Baptiste LeBlanc et Virginie LeBlanc de Carleton, cette dernière produisant des « catalognes de qualité remarquable ». À la même époque, quatre comptoirs de vente existent à Carleton, dont celui des cinq demoiselles Allard.

En 1961, le cercle des fermières de Saint-Omer renaît avec Mme Juliette Landry comme présidente, suivi, en 1964, par celui de Carleton avec Mme Rose Gauvreau à la présidence. Aux deux endroits, les expositions se succèdent. À Carleton, ces événements annuels débouchent, en 1974, sur la fondation de la coopérative La Héronnière qui se donne une nouvelle construction inaugurée en juillet 1978, initiant ainsi une tradition qui s’étalera sur plus de quatre décennies. Souhaitons qu’elle se perpétuera!

Paul Lemieux, historien
Écomusée Tracadièche

Juillet 2020

Char allégorique mettant en valeur les arts domestiques lors d’un défilé de la Saint-Jean à Carleton au début des années 1940. Photo : collection Écomusée Tracadièche